« Ceux qui ont le pouvoir dans chaque ville de nommer les scribes devraient choisir des hommes vertueux qui détestent les pots-de-vin et connaissent la Torah, craignent D.ieu et ses paroles […] sans faire confiance à ceux qui travaillent sans intention hormis celle de gagner de l’argent en traçant de belles calligraphies ou retouches pour la fabrication de téfilines. »
ChoulHane ArourH - Sm. 32 - Sf. 20 - Ot 102
Etre scribe n’est pas à la portée de tout un chacun. Cette tâche requiert précision patience et probité. Car la validité des parchemins n’est pas toujours visibles et ne dépend pas uniquement d’un certain savoir faire, de la connaissance de règles précises et leur l’exacte application, en particulier pour ce qui est des téfilines ou mézouzot.
La kavana (כוונה), ou intention, est un élément fondamental dans la sofrout. Elle désigne l’état d’esprit et l’intention spécifique que le scribe doit avoir lorsqu’il écrit les textes sacrés.
La kavana signifie avoir la conscience claire et explicite que l’acte accompli. Cela signifie que le sofer doit écrire chaque lettre, mot et passage avec intention. Sans kavana, l’acte perd sa valeur spirituelle, et le texte peut être déclaré invalide (pasul).
La qualité première d’un scribe est d’écrire en lettres claires, immédiatement identifiables et conforme aux lois reçues par Moïse au mont Sinaï. Aucune règle ne régit véritablement les dimensions des lettres hébraïques M.B. - Ot. 38 - Béour Ala’Ha. Il arrive parfois que certaines proportionnalités soient indiquées Michnat Soferim - Lettre Caf final mais leur non respect ne peut être une raison suffisante à une quelconque invalidité. L’écriture étant obligatoirement manuscrite, chaque scribes possède un style qui lui est propre ce qui engendre parfois de légères variations non invalidante à condition que les caractéristiques fondamentales de chaque lettre aient été respectées. ChoulHane Arourh - Ora’H Hayim Sm. 36 - Sf. 1.
Aujourd’hui coexistent deux styles d’écriture basés sur différentes sources et traditions. L’écriture séfarades connue sous le nom de ktav Valish et celle utilisée dans les communauté ashkénaze portant le nom de ktav Bet-Yossef. Les deux styles vont être présentés dans les chapitre suivants.
L’invalidité d’un écrit découle de bons nombre de facteurs. Certains sont purement physiques - l’état du parchemin, la stabilité de l’encre - d’autres liés à l’écriture elle-même lorsque par exemple deux lettres se touchent ou que l’une entre dans l’espace de l’autre. Que ces lettres aient présentées un défaut dès l’origine ou que cela se soit produit plus tard ne changent rien: elle sont invalides (Péri-Mégadim dans son introduction). Selon ce degré d’invalidité on pourra envisager, une correction sous certaines conditions. Règles et conditions sont décrites dans le ChoulHane Arourh et applicables quelque soit le style d’écriture, séfarade ou ashkénaze.
Par soucis de simplification, les cas d’invalidités entant nombreux, nous avons répertorié ici les principaux cas, classés par degré de défectuosité:
Il s’agit de légers défauts qu’il est inutile de corriger surtout lorsqu’il est question de parchemins destinés à des mézouzot ou de téfilines de crainte d’enfreindre la chronologie d’écriture.
Une lettre est dégradée lorsque suite à une déchirure ou une perforation survenue après l’écriture, la lettre ne se trouve plus entourée de parchemin vierge:
Conclusion - Pour tous ces cas de figure, la lettre peut être réparée car ayant conservée toutes ses caractéristiques. le parchemin reste valide.
Réparation - Il s’agit d’en améliorer l’aspect afin que le doute ne se pose plus dans l’avenir. S'il y avait un trou à l’intérieur de la lettre ou touchant l’un de de ses bords, on grattera un peu de l'épaisseur des traits pour que la lettre soit à nouveau entourée de parchemin vierge. (M.B. Sm. 32 - Sf. 15 - Ot. 37).
Restriction - Aucune.
Une lettre est douteuse si elle présente une imperfection sur l’un ou plusieurs de ses composants, telle que:
Conclusion - Soumettre la lettre à l’appréciation d’un enfant pas particulièrement intelligent (M.B. Sm. 32 - Sf. 16 - Ot. 49) ou illettré (ibid. Ot. 50).
Réparation - Améliorer l’aspect de la lettre permettra d’éviter tout doute à venir. Durant tout le processus d’amélioration, on ne devra ni sculpter ni faire perdre à la lettre ses caractéristiques fondamentales.
Restriction - Lettre validée: aucune.
Lettre invalidée - non applicable aux téfilines et mézouzot (ibid. - Sf. 25 - Ot. 114).
Une lettre est irrégulière lorsque sa forme n’est pas suffisamment claire et précise ou que sa calligraphie sort de l’ordinaire, mais reste par certains aspects, identifiable. Dans ce genre ce cas, l’appréciation d’un enfant pourrait être faussée par le fait que ce dernier n’est pas l’habitude de rencontrer ce genre d’écriture.
Conclusion - Soumettre la lettre à une autorité rabbinique (M.B. - Sm. 32 - Sf. 4 - Ot. 14).
Réparation - Améliorer l’aspect de la lettre permettra d’éviter tout doute à venir. Durant tout le processus d’amélioration correction, on ne devra ni sculpter ni faire perdre à la lettre ses caractéristiques fondamentales.
Restriction - Lettre validée: aucune.
Lettre invalidée - non applicable aux téfilines et mézouzot (ibid. - Sf. 25 - Ot. 114).
Voici les principales causes de disqualification:
Conclusion - La lettre est invalidée.
Réparation - Il faudra gratter toute la lettre ou la partie invalide et la retracer convenablement.
Restriction - Non applicable aux téfilines et mézouzot (M.B. - Sm. 32 - Sf. 25 - Ot. 114).Dans les chapitres suivants, nous allons décrire les différents usages d’écriture pour le ktav Bet Yossef et le ktav séfarade. Les règles applicables à chaque lettre y seront détaillés selon le découpage suivant:
Les lettres du ktav Bet Yossef seront présentée suivant la description faite dans la Michnat Soferim, inclue dans la Michna Béroura, celle du ktav séfarade suivant les indications du livre Mor-Ouktsia, et reprise par le ‘Hida.