Jeûnes

Le jeûne - ta'anit dans la tradition juive désigne une période de privation de nourriture et de boissons à titre volontaire, privé ou public, dans un but de repentir, de deuil ou d'abstinence. Le seul jeûne prescrit dans la Torah est le jeûne du Grand Pardon Yom Kippour. D'autres journées de jeûnes publics ont été instaurés par les rabbins, en souvenir d'evenements tragiques comme par exemple la destruction à deux reprises du Temple de Jerusalem. Certains enseignent que le jeûne permet l’élévation de l’âme. il joue à ce titre un rôle important chez les mystiques juifs.

Calculs

Année Hébraïque:

Localisation

Yom Kippour (Lévitique 16:31)

Yom Kippour également appelé le Jour du Grand Pardon, est un jour saint du judaïsme.
Fixé au dixième jour du mois de Tichri, il est observé encore aujourd'hui par outre le jeûne, un chômage complet et diverses privations. Dieu signe en ce jour le destin du peuple juif pour l’année à venir, et expie seulement les fautes commises envers Dieu mais non envers autrui.

Jeûnes d'institution prophétique

    Le jeûne de Guedalia (Roch Hachana 18b)

    Le « jeûne du septième mois » évoqué dans le Livre de Zacharie, commémore l’assassinat du gouverneur de Judée, survenu dans les suites de la destruction de Jérusalem par Nabuchodonosor II. Selon les Sages, il aurait pour but d’enseigner que la mort des justes a, en termes de malheurs, le même poids que l’incendie du Temple de Jérusalem.
    Ce jeûne se tient le 3 Tishri, au cours des dix jours de pénitence, sans autre restriction d’activité. Le jeûne est observé depuis l'aube au crépuscule.
    Il est repoussé au dimanche suivant s’il coïncide avec un Chabbat.

    Le jeûne du 10 Tevet (2 Rois 25:1-4)

    Le dixième jour du mois de Tevet - Assara BeTevet - est la date de ce jeûne prescrits par les prophètes. Il correspondant selon la tradition rabbinique au « jeûne du dixième mois » évoqué dans le Livre de Zacharie, et commémore le début du siège de Jérusalem par Nabuchodonosor II qui s'achèvera par la destruction du Temple de Salomon, la conquête du royaume de Juda et l'exil à Babylone.
    D'après les Sages, ce jeûne doit être observé le 10 Tevet, quand bien même il aurait lieu le Chabbat, ce qui n'est jamais le cas.
    Suivant la tradition rabbinique ultérieure ce jeune commémore aussi d'autres évènements qui n'ont pas eu lieu le 10 mais les jours qui le précèdent :

    • C'est un 8 Tevet que la traduction grecque de la Bible hébraïque, la Septante, est achevée. Ce qui est considéré comme un désastre car la pluri-interpretation des termes hébraïques se perdant, de nombreux enseignements et le sens profond des versets se perd aussi, quelle que soit la qualité de la traduction;
    • Le 9 Tevet serait, selon la plupart des commentateurs, la date du décès d'Ezra le Scribe et de Néhémie;
    • Le 9 Tevet serait aussi la date de naissance de Jésus de Nazareth, ainsi que le confirmerait un calcul astronomique d'Abraham bar Hiyya;

    Le jeûne est observé de l'aube au crépuscule.

    Le jeûne du 17 Tamouz (Ta'anit 4:8)

    Le jeûne dix-septième jour du mois de Tamouz est l'un des quatre jeûnes publics institués par les prophètes. Selon les Sages, ce jeûne a lieu au dix-septième jour de mois, car ce jour-la cinq malheurs ont frappés le peuple juif :

    • Le péché du veau d'or et le bris des premières tables de la Loi ;
    • L'érection d'une idole dans le sanctuaire du Second Temple de Jérusalem par Antiochus Epiphane
    • l'interruption de offrande perpétuelle - Korban Tamid - lors du siège babylonien de Jérusalem, pour la première fois dans l'histoire ;
    • La crémation d'un rouleau de la Torah par le chef militaire romain Apostamos
    • La première brèche dans la muraille d'enceinte de Jérusalem au cours du siège romain de Jérusalem.

    Ce jeûne est observé de l'aube au crépuscule.

    Le jeûne du 9 Av (Ta'anit 4:6)

    Le neuvième jour du mois d’Av - Ticha beAav - est la date correspondant selon la tradition rabbinique au « jeûne du cinquième mois » évoqué dans le Livre de Zacharie. C'est le plus strict des quatre jeûnes d'institution prophétique. Institué par les prophètes pour pleurer La destruction du Temple de Salomon, en l'an -586, prélude à l'exil de Babylone. Mais ce qu'on sait moins, c'est qu'il commémore ensuite une série de tragédies nationales pour le peuple juif:

    • La destruction du second Temple, en l'an 70, suivie par le second exil;
    • La destruction de la forteresse de Betar en l'an 135, marquant la fin de la révolte de Bar Kokhba;
    • Le labour de Jérusalem par Turnus Rufus, pour y bâtir Ælia Capitolina, et en interdire son accès aux Juifs.

    La durée du jeûne s'étend du coucher de soleil du 8 av à la sortie des étoiles du 9 av.
    Lorsque le 9 Av tombe un Chabbat, le jeûne est repoussé au lendemain:

Jeûnes d'institution rabbinique

    Le jeûne d'Esther

    Le jeûne d’Esther (en hébreu : תענית אסתר (Ta’anit Esther)) est un jeûne mineur du judaïsme, observé de l’aube au crépuscule du 13 Adar, à la veille de la fête de Pourim, en commémoration du jeûne de trois jours prescrit par la reine Esther aux Juifs de Suse (Est 4,16 : « Va, rassemble tous les Juifs qui se trouvent à Suse, et jeûnez pour moi, sans manger ni boire pendant trois jours, ni la nuit ni le jour »).

Jeûnes personnels

    Jeûne des premiers nés

    Le Jeûne des premiers-nés - Ta’anit B’chorot - est observé la veille de la Pâque juive (Pessa’h). Il commémore la dixième plaie d’Égypte. De nos jours, la plupart des premiers-nés des familles juives sont dispenses de jeûner en participant à la conclusion d’un traité du Talmud, laquelle s’accompagnant d’une seoudat mitzva (festin de prescription) qui a priorité sur le jeûne. Ils donnent aussi la tsedaka (« charité », plus exactement un don d’argent en reconnaissance du fait que l’on doit participer par ses contributions à la justice du monde).

    Jeûne des endeuillés

    Jeûne pour un mauvais rêve

    Dans le Talmud (Chabbat 11a) on enseigne : « Rav dit : Le jeûne est efficace contre les rêves autant que le feu l’est contre une touffe de lin ». De la même manière qu’une flamme dévore une touffe de lin quasi instantanément, un jeûne est susceptible de détruire les sombres présages d’un rêve. Le Talmud enchaîne en précisant davantage : « Rav ‘Hisda dit : [Ce jeûne devra être observé] le jour-même du rêve. Rav Yossef ajoute : Et même le Chabat »: c’est-à-dire que l'on devra jeûner si l’on redoute un rêve même si ce jour tombe le Chabat.
    Ceci étant, pour les décisionnaires (Rachba) il n’y a pas d’obligation de jeûner, puisque d’après Chmouël « les rêves ne racontent que des vanités ». Et s'ils ne sont que vanités, il ne fait aucun doute qu’il ne jeûnerait pas à cause d’eux. En conséquence, le jeûne consécutif à un rêve n’est que facultatif, et seul celui qui en éprouve le besoin, parce que craignant ses visions, devra jeûner. » À cet égard, dans l'ouvrage Kaf Ha’Haïm, il est mentionné qu'une personne nullement troublée suite à son rêve, ou trop faible pour jeûner, pourra se contenter de « racheter » son jeûne, en offrant à la charité la valeur de deux repas. Dans la Michna Béroura on precise qu'il est déconseillé aux femmes enceintes et aux nourrices de jeûner en raison d'un mauvais rêve et on leur préconisera plutôt de racheter ce jeûne.

    Chlomo Messica, en partenariat avec Hamodia.fr

    Jeûne pour un sefer Torah tombé

    Tous ceux qui étaient présents au moment où le Séfer Torah est tombé à terre doivent jeûner.
    L'origine de cet usage est Rabbi Avraham Halévi Gombiner (1637-1683), l'auteur du Maguen Avraham. Il rapporte cela dans le chapitre 44 du Choul'han 'Aroukh, paragraphe 5, à propos de Téfilines tombant à terre.
    Jeûner pour ceux qui étaient présents etait au depart une habitude qui au fil des années, est devenue une obligation. Cette obligation est mentionnée en l'occurence dans le Choul'han 'Aroukh Harav, chapitre 44, Halakha 2 et dans bien d'autres écrits.
    En cas d'impossibilité, il faut donner la valeur monetaire de trois repas à une caisse de charite.
    Pour plus de détails, voir les écrits du Rav Ovadia Yossef dans Yabi'a Omer, volume 2, Ora'h 'Haïm, question 28.

    Rav Gabriel DAYAN - Torah-box.com (Mardi 25 Novembre 2014)